Aimez-vous l’immortel roman d’Alexandre Dumas et ses héros ? Savez-vous que beaucoup d’endroits à Paris ont très bien conservé l’esprit de ces temps magnifiques et romantiques ? Si vous avez répondu « Oui ! » ne serait-ce qu’à une de ces questions, alors je vous invite au Paris des mousquetaires.
Le récit qui suit est réalisé selon le principe suivant : citations tirées du roman (en conservant la numérotation des chapitres) – photos et commentaires. Les citations sont en bleu, mes commentaires – en noir. Cliquez pour agrandir les images.
Donc, partons en voyage dans le Paris de nos jours, en suivant les héros de Dumas.
Donc, partons en voyage dans le Paris de nos jours, en suivant les héros de Dumas.
Alexandre Dumas. Les Trois Mousquetaires
PREFACE,
dans la quelle il est établi que, malgré leurs noms en OS et en IS, les héros de l’histoire
que nous allons avoir l’honneur de raconter à nos lecteurs
n’ont rien de mythologique
dans la quelle il est établi que, malgré leurs noms en OS et en IS, les héros de l’histoire
que nous allons avoir l’honneur de raconter à nos lecteurs
n’ont rien de mythologique
Commençons notre récit par l’auteur lui-même - Alexandre Dumas père. Il est assis là – voluptueux, fou de travail et amoureux de la vie
Auteur |
Quelques mots à propos de cette sculpture. Elle est la dernière œuvre du célèbre illustrateur et graveur Gustave Doré. André Maurois dans son livre « Les Trois Dumas » écrit « Gustave Doré a été inspiré par le rêve de Dumas père raconté à son fils : « J’ai rêvé que je suis en haut d’une montagne rocheuse dont chaque pierre ressemble à un de mes livres ». C’est comme ça qu’on le voit – souriant, en bronze, assis au sommet d’un énorme bloc de granit, exactement comme celui de son rêve. A ses pieds un étudiant, un ouvrier et une jeune fille sont immobilisés pour toujours livre à la main. ».
Le monument a été inauguré sur la place Malesherbes, là où se trouvait le dernier appartement de l’écrivain. Vous pouvez le voir en sortant du métro à la station Malesherbes.
Le monument |
Cette place a failli être rebaptisée « Place des trois Dumas », en effet elle comportait au centre le monument à la mémoire du général napoléonien Alexandre Dumas (grand-père et père des deux autres Alexandre), tandis que se trouvaient sur les deux autres côtés de la place le monument d’Alexandre Dumas père (auteur des « Trois Mousquetaires ») et celui d’Alexandre Dumas fils, dramaturge et écrivain, auteur de « Dame aux camélias ». Mais le monument du général Dumas fut enlevé. La place qui portait le nom de Chrétien Malesherbes, défenseur de Louis XVI à son procès lors de la Révolution, accusé « d’espionnage au profit d’Angleterre » et guillotiné comme son protégé, a finalement reçu le nom d’un méconnu général Catroux.
Mais revenons au texte de la préface de Dumas
« Il y a un an à peu près, qu’en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M. d’Artagnan, imprimés – comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille – à Amsterdam, chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit : je les emportai chez moi, avec la permission de M. le conservateur, bien entendu, je les dévorai. »
Dès le premier paragraphe apparait le nom du héros principal du roman.
Le voici - chevalier d’Artagnan. Faites sa connaissance |
C’est lui qu’on voit en premier en sortant du métro Malesherbes assis en personne sur le piédestal du monument. Bien sur, Doré a représenté ici d’Artagnan – le héros du roman «Les Trois Mousquetaires » et non pas d’Artagnan, dont les mémoires ont été trouvées dans une bibliothèque par l’écrivain.
« De ces mémoires Dumas a emprunté l’épopée, les a sensiblement modifié et complété, sans savoir qu’elles étaient apocryphes. Elles ont été en effet écrites par un officier retraité Gatien Courtilz de Sandra qui a vécu longtemps après les événements décrits dans les mémoires. Pour écrire ces « mémoires imaginaires » De Sandra a cependant utilisé des événements tout à fait réels de la vie de Charles de Batz-Castelmore d'Artagnan, qu’il connaissait assez bien. La biographie de d’Artagnan fut tellement riche en aventures que si cet homme avait pu manier la plume avec autant d’adresse que son arme, ses mémoires auraient pu faire pâlir n’importe quelle fiction d’un romancier» écrivaient B.Brodski et L.Labeznikova dans leur article publié en 1964 dans le N°10 du magazine russe « Science et vie ». Paris garde la mémoire de ce d'Artagnan devenu héros légendaire.
La plaque commémorative honorant le « vrai » d'Artagnan est apposée sur un immeuble qui fait l’angle de rue du Bac et du quai Voltaire.
La plaque commémorative |
Il a bien choisi son domicile ce capitaine-lieutenant, juste en face du pont Royal traversant la Seine et à côté du Louvre, lieu principal de son service.
1, rue du Bac. C’est ici qu’a vécut capitaine-lieutenant |
On voit la plaque commémorative en bas à droite de la photo. Plus à droite encore, à deux pas du domicile de d'Artagnan, aux numéros 13-17 rue du Bac se trouvaient les casernes des mousquetaires, la plupart d’eux vivaient là aux frais du trésor public. D’ailleurs cette pratique a justement débuté aux temps de d'Artagnan – capitaine des mousquetaires (en 1670). Hélas, de nos jours ces casernes n’ont pas été conservées et les immeubles des n° 13,15 et 17 n’ont rien de remarquable à part leur emplacement historique.
Mais assez parlé des « originaux », revenons au roman et à ses héros.
I. LES TROIS PRESENTS DE M.D'ARTAGNAN PERE
« …D'Artagnan entra donc dans Paris à pied, portant son petit paquet sous son bras, et marcha tant qu'il trouvât à louer une chambre qui convînt à l'exiguïté de ses ressources. Cette chambre fut une espèce de mansarde, sise rue des Fossoyeurs, près du Luxembourg. »
Rue des Fossoyeurs (aujourd’hui rue Servandoni) |
L’ex rue des Fossoyeurs qui porte aujourd’hui le nom de rue Servandoni descend de la rue de Vaugirard vers l’église Saint Sulpice. De nos jours elle se trouve au cœur de Paris, à deux pas du jardin de Luxembourg et de Saint-Germain des Près, mais du temps des mousquetaires c’était un « coin » de banlieue situé en dehors de l’enceinte de la ville. On comprend mieux pourquoi d’Artagnan, n’étant pas trop riche, a trouvé ici son logement.
Nous parlerons plus tard de l’immeuble qui abrita d’Artagnan. Auparavant, étudions la géographie des lieux, témoins de la plupart des événements du roman. Le périmètre, assez restreint est celui de l’ancien et actuel quartier de Luxembourg (M° St.Sulpice). C’est ici que les héros principaux habitent et exercent leurs services. Etonnamment, la structure des rues principales est restée la même de nos jours. Ainsi encore aujourd’hui on peut utiliser ce plan qui date de plus de trois cent ans.
"Les endroits liés aux mousquetaires" sur le plan de Paris du XVII siècle |
Voici le plan contemporain des mêmes lieux à titre de comparaison.
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« …Aussitôt le denier à Dieu donné, d'Artagnan prit possession de son logement, passa le reste de la journée à coudre à son pourpoint et à ses chausses des passementeries que sa mère avait détachées d'un pourpoint presque neuf de M. d'Artagnan père, et qu'elle lui avait données en cachette ; puis il alla quai de la Ferraille, faire remettre une lame à son épée. »
Quai de la Ferraille (aujourd’hui quai de la Mégisserie) |
L’ancien quai de la Ferraille, porte aujourd’hui le nom de quai de la Mégisserie (tannage des peaux destinées à la ganterie), bien que les activités des ferrailleurs et des mégissiers aient cessé depuis fort longtemps. Par contre le matin on entend ici les cris des coques, dans la journée des chiens aboient, et des odeurs d’animaux se mélangent à celles des fleurs exotiques. Le quai est occupé par des magasins d’animaux de toutes sortes, par des vendeurs de plantes, de poissons et autres objets vivants et non vivants pour maison et jardins.
Forgerons, mégissiers, ou vous êtes passés ? |
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« …puis il revint au Louvre s'informer, au premier mousquetaire qu'il rencontra, de la situation de l'hôtel de M. de Tréville, lequel était situé rue du Vieux Colombier, c'est-à-dire justement dans le voisinage de la chambre arrêtée par d'Artagnan : circonstance qui lui parut d'un heureux augure pour le succès de son voyage. »
Rue du Vieux Colombier |
La rue du Vieux Colombier débouche vers la façade centrale – orientée à l’est – de l’église Saint Sulpice, dont on aperçoit au fond l’une des tours. Quand à la rue Servandoni (ex rue des Fossoyeurs) ou d’Artagnan habitait, elle part de la façade sud de l’église. On voit bien ainsi que l’appartement de d’Artagnan était tout près de la maison de Tréville.
II. L'ANTICHAMBRE DE M. DE TREVILLE
II. L'ANTICHAMBRE DE M. DE TREVILLE
« …Outre le lever du roi et celui du cardinal, on comptait alors à Paris plus de deux cents petits levers, un peu recherchés. Parmi les deux cents petits levers celui de Tréville était un des plus courus. La cour de son hôtel, situé rue du Vieux-Colombier, ressemblait à un camp, et cela dès six heures du matin en été et dès huit heures en hiver. Cinquante à soixante mousquetaires, qui semblaient s'y relayer pour présenter un nombre toujours imposant, s'y promenaient sans cesse, armés en guerre et prêts à tout. »
Hélas, aujourd’hui dans l’actuelle rue du Vieux Colombier il n’existe plus d’hôtels particuliers dignes du capitaine des mousquetaires. Mais on peut facilement se faire une idée de la cour d’une maison ayant appartenu à Tréville. Il existe encore à Paris bon nombre de telles « cours d’honneur » à l’entrée de belles et anciennes demeures. Ces cours témoignent de l’architecture de ces temps-là : une maison forteresse formant un carré, une porte en forme d’arc donnant sur la rue et, en face, la porte d’entrée principale du bâtiment. C’est le cas, par exemple, de la cour de l’Hôtel De Sully (M° St. Paul), construite dans les années 1620, juste au moment ou se déroulait l’histoire du roman.
Hélas, aujourd’hui dans l’actuelle rue du Vieux Colombier il n’existe plus d’hôtels particuliers dignes du capitaine des mousquetaires. Mais on peut facilement se faire une idée de la cour d’une maison ayant appartenu à Tréville. Il existe encore à Paris bon nombre de telles « cours d’honneur » à l’entrée de belles et anciennes demeures. Ces cours témoignent de l’architecture de ces temps-là : une maison forteresse formant un carré, une porte en forme d’arc donnant sur la rue et, en face, la porte d’entrée principale du bâtiment. C’est le cas, par exemple, de la cour de l’Hôtel De Sully (M° St. Paul), construite dans les années 1620, juste au moment ou se déroulait l’histoire du roman.
Ici aurait pu habiter le capitaine de Tréville |
De Tréville aurait bien pu avoir une pareille maison. En effet, le rang de capitaine des mousquetaires du roi équivalait à celui de Sully, superintendant des finances du roi Henri IV, le père de Louis XIII. Seulement, cet aristocrate gascon avait moins de possibilités de se faire construire des hôtels « aux frais de la princesse », dont ce financier expérimenté a usé sans grande vergogne...
Fin de la partie 1. A la partie suivante
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